C’est une constante au pays : à chaque élection, le taux de participation diminue sensiblement. D’ailleurs, si la tendance de mon petit sondage maison se maintient sur ce blogue, le «Parti abstentionniste» risque de terminer premier !?! Est-ce ici l’évocation d’un signe avant-coureur pour l’élection en cours au Québec? En tout cas, moi je suis prêt à parier que le jour du scrutin nous révèlera un taux record d’abstentions. Cependant, qu’importe la signification sociologique de cette donnée, il semble que nos dirigeants n’en n’ont rien à branler de la légitimité démocratique. Pour tous les (vieux) partis défendant le maintien de l’actuel système socio-économique, ce qui compte, c’est la victoire électorale et qu’importerait le pourcentage.
Pourtant, dans un système soi-disant démocratique, le taux de participation est une dynamique fondamentale. Formellement, elle est l’indice de la valeur de représentativité octroyée à un gouvernement. Si bien qu’à l’heure où plusieurs penseurs politiques réclament une réforme du processus démocratique au pays, il serait temps de dénombrer le nombre réel des citoyens insatisfaits (par le choix des partis offerts). Or, à mes yeux, une simple mesure s’impose d’emblée : c’est-à-dire la prise en compte du vote blanc.
Bien sûr, nos dirigeants ne tiennent pas à donner l’option aux citoyens d’exprimer officiellement leur rejet électoral. D’ailleurs, saviez-vous que dans notre chère démocratie, il n’existe aucun vote contestataire car le vote blanc n’est pas comptabilisé. La preuve, à chaque lendemain d’élection, essayez de consulter le pourcentage exact de bulletins annulés. Et que dire aussi de cette confusion (volontaire ???) entre les bulletins annulés et ceux rejetés; nivelant ainsi le vote délibérément annulé par l’électeur à celui des bulletins rejetés par le scrutateur. De la sorte, il n’y a qu’un pas à faire pour qualifier la valeur d’un vote démocratiquement annulé à celui du papier sur lequel il est écrit.
Bref, si ne pas voter est un choix interprétable, voter blanc est un geste clairement démocratique.
Pourtant il y a eu 40% d’électeurs qui ne se sont pas prévalus de leur droit de vote à la dernière élection fédérale. Qui plus est, ce désintéressement pour l’action démocratique (sans jeu de mots) est encore plus marqué chez la jeunesse. Franchement, il y a un gros malaise social qui couvre et nos dirigeants préfèrent maquiller son expression plutôt que de prendre acte de sa manifestation. À moins que, justement, ce déficit démocratique ne les dérange simplement pas.
« La stagnation et le désenchantement envers la politique font l’affaire des élites économiques qui ne désirent pas qu’une pression populaire éclairée opère des changements socio-économiques qui pourraient diminuer leur puissance. Elles préfèrent le statu quo et l’ignorance de la populace. Ainsi, elles peuvent agir à leur guise tout en maintenant leur main mise sur le pouvoir politique. »
-Jimmy St-Gélais (ici, dans son dernier article, Nous avons les politiciens que nous méritons)
En définitive, afin de contrer la dérive totalitaire de nos gouvernements, l’inclusion officielle du choix blanc (aucun candidat) sur les bulletins de vote serait une bonne mesure démocratique. Puis, dans une logique plus radicale encore, un certain seuil de votes blancs pourrait même invalider le résultat de l’élection. De quoi ainsi forcer «nos» politiciens à vraiment s’attarder aux solutions réelles qu’exige l’avenir.
Évidemment, la mise en place de cette mesure ne sera jamais appliquée par les vieux partis tout comme la réforme du vote de scrutin d’ailleurs. Ensuite, la triste vérité «démocratique», c’est que malgré leur désabusement, les Québécois éliront vraisemblablement le PLQ majoritaire; de surcroit avec un mandat aux relents adéquistes! Finalement, peut-être que Jimmy à raison lorsqu’il affirme que nous avons les politiciens que nous méritons.
Alors, en attendant une révolution démocratique, je vais profiter de ce billet pour vous lancer un ballon. En effet, blogueurs, que penseriez-vous de l’idée d’afficher un mouvement : le 8 décembre, les blogueurs du Québec disent NON à l’élection (de M. Charest) ?
Effectivement, dans un contexte où nous faisons face à un prolongement de cinq années de l’arrogant régime libéral, il faudrait peut-être évaluer réalistement notre marge d’action en terme de blogueur. Or, si l’actuelle coalition anti-Charest semble être non avenue, je suis convaincu qu’une coalition abstentionniste frapperait davantage l’imaginaire collectif. Alors, qu’en pensez-vous ? Seriez-vous prêt à vous départir ouvertement de votre préférence électorale afin d’envoyer un message collectif dans les médias? Ce message, dont les avant-gardistes blogueurs Québécois rejettent le sens (et l’éventuel résultat) de cette inutile élection.
Personnellement, de mon côté, j’ai toujours voté, car c’est pour moi un principe fondamental de le faire. Mais autant mes choix sont clairs aux niveaux fédéral (Bloc) et municipal (Projet Montréal), autant je suis toujours hésitant quant à l’issu de mon vote au niveau provincial. Alors, à moins que vous mettiez de l’air dans le ballon ci-haut, je dois tout de même vous avertir que mon choix électoral est fait depuis quelques jours. En ce sens, je révèlerai bientôt l’explication de ce processus. D’ici là, vous pouvez toujours tenter de deviner mon choix, en vous basant, ici, sur l’historique de mon vote.
Ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes.
- Joseph Staline