PORTRAIT DU BRUXELLOIS QUI VOTE BLANC
Certes, on peut regretter que l’étude du CEVIPOL (1) ne porte que sur la région de Bruxelles. Comme il est dit à la fin de l’article, cet échantillon restreint ne permet pas d’avoir une vision plus précise des motivations de ces électeurs lors des élections locales du mois de mai. Mais on a des tendances générales qui donnent la silhouette de ces citoyens que l’on a ignoré ce jour-là. Nous aimerions que le CEVIPOF – équivalent du CEVIPOL en France – réalisent de telles études, à échelle nationale, pour dégager un portrait plus fin de ce type de vote. Ce serait nécessaire pour que l’on n’en reste pas aux verdicts lapidaires d’Emmanuel Macron et de Richard Ferrand.
Le fait que le vote sur des machines soit développé dans cette région de Bruxelles, fait que les chercheurs du CEVIPOL n’ont pas eu à s’encombrer de la futile distinction entre bulletins blancs et bulletins nuls. Si le CEVIPOF – croyons aux miracles – faisait un travail sérieux sur ce type d’expression électorale, il faudrait que les deux catégories de bulletins soient là aussi mêlées.
(1) Centre d'étude de la vie politique de l'université libre de Bruxelles
Article du journal belge L'Echo, du 11 juillet 2019:
À Bruxelles, deux-tiers des votes blancs sont émis par des hommes
"En ce qui concerne le vote blanc, le genre des électeurs est un facteur d’influence. Mais c’est surtout la relation de défiance envers les politiques qui accroît la probabilité de voter blanc, constate le Cevipol.
Quelles sont les caractéristiques des électeurs ayant voté blanc lors du scrutin fédéral du 26 mai 2019 en Région bruxelloise ? Les résultats d’une analyse du Cevipol (ULB) réalisée sur base de son enquête de sortie des urnes mettent en évidence que, proportionnellement, plus d’hommes (63%) que de femmes (37%) ont voté blanc.
En revanche, le vote blanc n’est pas plus le fait des plus jeunes générations. Les individus qui ont le plus voté blanc sont issus de la catégorie 35-44 ans (30%), suivis de ceux dont l’âge est compris entre 25 et 34 ans (25%). Quant aux 18-24 ans, ils représentent environ 16% des répondants ayant déclaré avoir voté blanc. Enfin, 30% des votes blancs émanent des 45 ans et plus.
Le Cevipol s’est aussi penché sur le niveau d’étude. Il ressort de l’analyse que ce sont les titulaires d’un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur qui sont les plus prompts à voter blanc: ils sont près de 40% à avoir émis un tel vote alors qu’ils ne représentent que 27% de la population bruxelloise. Les titulaires d’un diplôme de l’enseignement secondaire inférieur sont également plus présents parmi les individus qui ont voté blanc (28%) qu’au sein de la Région bruxelloise (20%). À l’inverse, les détenteurs d’un diplôme d’études supérieures qui représentent 41,6% des Bruxellois ne sont que 20% à avoir opté pour le vote blanc.
L’analyse du Cevipol conforte l’hypothèse selon laquelle la défiance accrue envers les politiques accroît la probabilité de voter blanc. Le niveau de vote blanc est spectaculairement supérieur chez les citoyens qui expriment la plus faible confiance. Les niveaux de confiance 0,1 et 2 agrègent près de 80% des individus votant blanc.
Quid de l’orientation politique sur un axe gauche droite? Plus de la moitié des individus qui votent blanc se situent au centre-gauche ou au centre-droit. Une proportion non négligeable (15%) se situe néanmoins le plus à gauche de l’axe, relève le Cevipol qui analysait pour la première fois le vote blanc au travers du prisme de l’individu. Il est assez rare de travailler sur les électeurs qui votent blanc ou nul car ils sont peu nombreux, explique le chercheur David Talukder. Sur les 2.200 répondants à l’enquête de sortie des urnes, 169 ont déclaré avoir voté blanc ou nul. À ce stade, la proéminence d’hommes ainsi que de personnes se positionnant proche du centre parmi les électeurs qui votent blanc ne peut dès lors pas être expliquée. »
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