avril 18, 2024

Election présidentielle 2012

PRESIDENTIELLE, AVRIL-MAI 2012

MOI, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,

JE SUIS ELU AVEC 48,63% DES VOTANTS

Si l’on calcule le pourcentage obtenu par François Hollande par rapport au nombre de votants, on aboutit à 48,63%. François Hollande ne peut se targuer de dépasser les 50% que grâce à la censure des bulletins blancs. C’est la seconde fois, en 9 élections présidentielles, qu’un candidat est élu alors qu’il n’a pas la moitié des suffrages des électeurs qui se sont déplacés. Avant lui, en 1995, Jacques Chirac était resté à 49,5%.

Si le vote blanc a dépassé pour la première fois dans une présidentielle les 2 millions – sans dépasser son record du second tour des législatives de 1993, 2 158 516 -, en pourcentages (5,83%) il est plus bas que son niveau de 1995 (5,97%) et à peine au-dessus de celui de 2002 (5,39%).

En 1995, Jacques Chirac avait fait sa campagne sur la ‘fracture sociale’ avant de mener une politique plus libérale. En 2012, François Hollande a tenu un discours plus à gauche que l’image qu’il avait au sein du PS. Est-ce cette ambiguïté qui a fait hésiter une partie de l’électorat et qui explique que François Hollande l’emporte sans bénéficier d’un véritable élan ? En 1981, l’écart était du même ordre entre F. Mitterrand et V. Giscard d’Estaing mais le vainqueur avait 50,27% des votants.

Le 11 avril, François Hollande a lancé à destination des populations de banlieue : « Les quartiers, les cités, sont une chance pour la République. Ne sous-estimez pas la force de votre décision. Avec le suffrage universel une voix en vaut une autre.» Nous espérons qu’il demandera à son ministre de l’intérieur de faire reconnaître comme suffrage exprimé le vote blanc, pour que le principe d’égalité ‘1 homme, 1 voix’ soit vraiment respecté dans notre démocratie électorale.

TEMOIGNAGE DE DIX PERSONNES AYANT VOTE BLANC

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Premier tour de la présidentielle

EST – OUEST

Quand le vote blanc reflète le dynamisme électoral

Imaginez une moitié de la France où se trouvent les 18 départements qui ont dépassé les 20% d’abstention.  12 d’entre eux ajoutent à cette démobilisation élevée  un vote pour le FN lui aussi supérieur à 20%. Vous ne serez pas étonné d’apprendre qu’un seul a enregistré un vote blanc au-dessus de 2% (Haut-Rhin). C’est la France des fortes densités, de la désindustrialisation. La crise a frappé fort et continue. Les populations étrangères sont mal intégrées. La démocratie est encore balbutiante. Tous ces départements sont dans une moitié Est. On est dans le Nord, la Moselle, dans les Alpes-Maritimes, en Corse. A vous de rattacher ces territoires aux différentes causes exposées plus haut. L’acte électoral mériterait d’y retrouver du sens. Il s’agirait de ne pas ajouter à la difficulté sociale un dédain politique. On demande aux électeurs de voter utile sans comprendre que ça signifie pour eux des résultats concrets : je vote utile et je trouverai un travail. En bâclant les campagnes électorales parce qu’on s’appuie systématiquement sur le vote utile, on désespère le peuple. L’Ile-de-France n’a pas donné beaucoup de voix à Marine Le Pen (sauf la Seine-et-Marne) mais l’abstention y dépasse partout la moyenne, excepté Paris. Il faudrait donner une autre dimension à l’acte électoral pour sortir de cette fatalité ; le constat énoncé est malheureusement valable depuis de nombreuses années et de nombreuses élections.

Et si vous passiez vos vacances d’été en Mayenne ?

Imaginez une moitié de la France qui compte les 16 départements où l’abstention est la moins forte (jusqu’à 13,86% à peine dans le Lot). Dans deux seulement le vote FN dépasse les 20% (Haute-Loire et Ardèche, très proches de la moitié Est du territoire). Dans 11 d’entre eux, le vote blanc va au-delà des 2%. C’est la moitié ouest, celle moins touchée par la crise depuis les années 1970. Celle où un bulletin a encore un sens parce que les densités sont modérées. On croit encore aux élections, on vote, on s’engage en choisissant un candidat républicain le plus souvent et, si on juge que le personnel politique de son camp n’est pas à la hauteur, on n’hésite pas à le dire en votant blanc. Ainsi, la Mayenne, en tête de classement ce mois d’avril, est souvent à la pointe de ce type d’expression. Le dynamisme électoral est là, même si ce n’est pas la France qui est mise en avant. Il serait judicieux d’entendre la leçon qu’elle nous livre.

Certains indicateurs peuvent laisser craindre que l’Ouest glisse inexorablement vers un comportement électoral de type moitié Est. Laisse-t-on faire ou réagit-on ? Infantilisons-nous sans cesse et sans cesse l’électeur ou lui donnons-nous plus de responsabilité ? Reconnaissons-nous ou non le vote blanc ?

Au second tour, on peut en être sûr, cette France à deux visages réapparaîtra très nettement.

Dans une France au taux de vote blanc à peine supérieur à celui de 2007, l’outre-mer détonne.
LE VOTE BLANC EN TROISIEME POSITION  AUX ANTILLES et à MAYOTTE.

Bureau de vote en Martinique

ET SOUDAIN…

…NICOLAS SARKOZY N’EST PAS CONTRE LE VOTE BLANC
 

«Je n’y vois pas d’inconvénientC’est l’expression d’une position. On ne peut pas dire à quelqu’un qui fait l’effort de se déplacer pour voter qu’on ne reconnait pas son vote. Il n’y a pas un bon vote et un mauvais vote. Il y a un vote et il doit être pris en compte.» (12 avril 2012, 20 Minutes) Que ne ferait-on pas dans une danse du ventre !

Nicolas Sarkozy a décidé de séduire François Bayrou au second tour de la présidentielle et devient subitement favorable au vote blanc. Nous aurions préféré qu’il soit encore plus précis en disant « pris en compte comme suffrages exprimés ». Mais c’est déjà mieux que ce que les ministres de l’intérieur successifs de son quinquennat ont répondu à ceux qui les ont questionnés à ce sujet.

Nicolas Sarkozy avait glissé dans un discours de 2007 le vote blanc et son directeur de campagne de l’époque, Eric Woerth, nous avait écrit pour nous dire que c’était un thème cher à l’UMP mais depuis, plus rien. Cette affirmation correspond exactement à ce pour quoi nous militons. Quant à sa sincérité…

NOUS PREFERONS JOEYSTARR A BRUNO GACCIO

Vous pensez quoi du débat sur le vote blanc ?

Joey Starr : Je pense qu’il faut légiférer pour qu’il soit pris en compte. Il y a quelque temps, j’ai participé à une campagne pour inciter les gens à s’inscrire sur les listes électorales. On s’est rendu compte que ma banlieue (Saint-Denis, NDLR) était l’un des endroits où le plus de gens s’étaient inscrits, sauf qu’ils n’étaient pas allés voter. Le vote blanc, c’est dire “je ne suis pas d’accord”. Comment ne pas entendre cette voix dans une démocratie ? On a le droit de voter parce qu’untel a un beau costard ou parce que le voisin est arabe et qu’il fait du bruit mais on n’a pas le droit de ne pas être d’accord ! ? (NouvelObs.fr – octobre 2011)
 

Bruno Gaccio – dit ‘le Révolutionnaire’ – a couru tous les plateaux de télévision possible pour faire connaître sa Grande idée: compter les bulletins blancs en éliminant les ‘nuls’ sans pour autant intégrer les suffrages exprimés. Cela s’appelle ‘pisser dans un violon’ et pour faire aboutir cette idée novatrice, il fallait trouver deux personnes à la pointe de la modernité. Ce fut fait avec le député PS Jean-Jacques Urvoas et le constitutionnaliste gourou Guy Carcassonne.

Pour revenir aux préoccupations de Joeystarr, le vote des jeunes de banlieue, si on arrive à les faire venir dans un bureau de vote et que les deux candidats ‘bourgeois’ du second tour ne leur conviennent pas, ce ne sera pas en censurant leur vote blanc qu’on leur donnera envie de revenir. Ajouter à l’exclusion sociale l’exclusion politique est d’évidence une mesquinerie indigne de la République.

« Les quartiers, les cités, sont une chance pour la République. Ne sous-estimez pas la force de votre décision. Avec le suffrage universel une voix en vaut une autre, et si certains sont plus riches que vous, vous, vous êtes plus nombreux qu’eux. » Candidat François Hollande, 11 avril 2012, en visite dans une banlieue.