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BASSES EAUX MAIS PERMANENCE. Basses eaux pour les bulletins blancs et nuls pour les européennes 2024 ; seulement 2,81% des suffrages exprimés. Basses eaux parce que lors des trois précédentes éditions, le score avait été supérieur à 4%. En 2004, il franchissait largement les 3%. Toutefois, 2024 fait mieux qu’il y a 20 ans malgré un pourcentage défavorable puisque plus de 600 000 électeurs ont voté blanc ou nul tandis que c’était moins de 60 000 en 2004. Le chiffre marquant reste malgré tout celui d’il y a cinq ans ou les blancs et nuls avaient dépassé le million de voix.
TOUTEFOIS, les défoulements – votes où l’on envoie de nouvelles tendances fortes dans les institutions avec l’espoir que cela va changer la donne – se succèdent mais les bulletins blancs ou nuls maintiennent leurs bastions. Dans des consultations entre 2017 et 2022, on pouvait craindre que la montée du RN allait tarir les foyers habituels du vote blanc. Mais ici, ce n’est pas le cas. Le centre-ouest, aux densités basses, reste avec des scores de blancs et nuls plus élevés que la moyenne. Les deux départements qui dans la moitié Est sont à même hauteur font partie eux-aussi des territoires ruraux peu peuplés. La contestation ne passe donc pas partout par un vote pour le RN.
Certains diront que ces irréductibles électeurs blancs sont des indécis indécrottables qui n’osent pas prendre position. Mais quand l’on constate que dans beaucoup de départements le nombre de bulletins nuls est supérieur à celui des bulletins blancs, on peut en déduire que ces électeurs ont voulu faire passer un message ; quand on veut rester un bon citoyen et que l’on est neutre, on dépose une enveloppe vide qui est enregistrée parmi les votes blancs.
Autre permanence, les forts taux en outre-mer. Ce n’est pas la Nouvelle-Calédonie qui voit ses scores monter très haut mais les DROM : le résultat le plus bas est celui de la Guyane qui, avec 5,64%, est au-dessus de tous les scores de la métropole. Cela monte à plus de 8% en Martinique.
Des voix toujours à entendre. Que plus de 600 000 électeurs aient choisi cette façon de s’exprimer alors que l’enjeu était sensible et que 38 listes étaient en course montre bien que – premièrement – ne comptent pour ces électeurs que les formations qui ont une chance d’avoir un score significatif et – secondement – qu’en ne donnant pas leur voix à l’une d’elles, ils font passer un message. Ce sont donc des suffrages exprimés. Au lieu de les mépriser, les candidats aux législatives feraient mieux d’essayer de les comprendre.