La palme revient, comme en 2004, à Malte. Certains diront que le climat lui convient. L’île enregistre un très fort taux de participation pour un vote blanc réduit. Les candidats ont su convaincre les électeurs de la qualité de leurs convictions. Si la Belgique et le Luxembourg peuvent se targuer d’une abstention encore plus faible, c’est dû au vote obligatoire et le vote blanc, pas plus pris en compte là qu’en France, s’est envolé. Pour la Belgique, lire page suivante.
On retrouve les mêmes groupes de pays qu’en 2004. Le toit est assuré par des pays récemment entrés, la Slovaquie en constituant le sommet à plus de 80% d’abstention et la Lituanie remplaçant chez les Baltes l’Estonie. Mais la contestation semble laisser place à l’indifférence dans ce groupe de cinq pays , rejoints par la Roumanie qui n’était pas concernée il y a cinq ans. La Slovénie et l’Estonie comptaient autour de 6% de bulletins blancs en 2004, alors qu’on ne dépasse pas les 4% cette année. Le gros du paquet, 14 pays, ne va pas au-delà de 3% de votes blancs pour une abstention entre 54 et 64% pour 9 d’entre eux. Ce sont les mêmes que cinq ans plus tôt, les Pays-Bas, la Finlande, la Hongrie et la Bulgarie (deux pays sont dans le collectif européen !) qui ne dépassent pas les 1% de bulletins blancs. Les pays qui connaissent une hausse sensible du vote blanc sont le Portugal, la France, le Danemark, la Grèce et, à un degré moindre, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Si l’Italie, Chypre, la Lituanie, l’Irlande et la Suède (pays symbole du vote blanc en Europe) voient la part de bulletins blancs diminuer, le premier cité demeure dans le groupe de tête, avec une abstention peu élevée ; cas qu’il serait bon d’étudier.
Les élections européennes restant des consultations nationales, il n’est pas encore possible de dégager une lecture du vote blanc par rapport au projet européen.
LE MALAISE EUROPEEN
« Un nuage flotte entre 50 et 65% d’abstention et pas plus de 4% de bulletins blancs. Il est composé de la moitié des 25 membres de l’Union en 2004, dont dix sur douze étaient déjà membre avant le grand élargissement, dont la France. L’élection des députés européens ne passionne pas les populations locales, sans crise trop marquée.
Si on compare la France et l’Italie, on constate que l’Italie bat le record de vote blanc pour cette élection avec 8,5% de bulletins blancs tandis que la France est en milieu de peloton. Mais la France n’est pas loin d’avoir une abstention deux fois plus importante que l’Italie. On se dit donc que les Italiens – avec un vote blanc à 8,5% – confirment l’intérêt des Italiens pour l’Union européen alors le résultat inférieur de moitié pour la France renforce l’impression de scepticisme.
Il eut mieux valu que le nuage soit au niveau de l’Italie.
Les cinq pays au plafond ont peut-être l’excuse d’avoir eu à voter pour les députés européens peu de temps après leur référendum pour l’entrée dans l’Union.; chapeau donc aux Maltais ! Ils n’ont pas eu besoin du vote obligatoire pratiqué par les Belges pour se rendre nombreux dans les bureaux de vote. »
(Graphique réalisé d’après les données fournies par le livre « Le vote européen 2004-2005 », direction Pascal Perrineau, Presses de Science-Po, 2005)