juillet 27, 2024

Prix Vote Blanc de la Crétinerie d’Or

Ce prix honore chaque année des personnalités qui, par la profondeur de leur pensée, la pertinence de leurs remarques, ont démontré que le vote blanc était un danger pour la démocratie française. Remercions-les de nous ouvrir ainsi les yeux et de nous permettre de rester dans l’immobilisme. Aux grands penseurs, la patrie reconnaissante.

Edition 2019

Candidats:

Emmanuel Macron: Président de la République. « Blanc ne résoudra aucun problème. M. X, Mme Y, oui, qu’on soit d’accord ou pas. » 25 avril 2019 Le bulletin n’est pas du Destop. Si les tuyaux sont bouchés, c’est avant qu’il fallait réfléchir et ne pas faire n’importe quoi. Qu’ont résolu MM. Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande face à la crise économique ?

Laurent Joffrin: Directeur de la rédaction « On déplore que les votes blancs ne soient pas pris en compte (9% en 2017). Mais comment les prendre en compte ? Quel est le programme de ces électeurs ? Que veulent-ils ? Dans quel sens amender l’action gouvernementale pour les écouter ? Mystère. Un bulletin blanc est un bulletin muet. Quand on ne dit rien, peut-on obtenir quelque chose ? A fortiori quand on s’abstient. » 11 janvier 2019, Libérationhttps://www.liberation.fr/…/les-voies-tortueuses-de-la-demo…

En fait, Laurent Joffrin écrit dans Libération pour nous dire qu’il est frappé d’autisme.
« Que veulent-ils ? ». S’exprimer.
« Un bulletin blanc est un bulletin muet ». D’où la nécessité de les inclure dans la catégorie des suffrages exprimés.
« Quel est le programme de ces électeurs ? » Cela veut dire que quelqu’un qui vote pour un candidat adhère à 100% à son programme (Ah bon ?)
« Dans quel sens amender l’action gouvernementale pour les écouter ? » Un bulletin, blanc ou nominal, se dépose au moment d’un élection, qui aboutira à la nomination d’un gouvernement, et non pas en cours du mandat.
« Mystère. » Non, il suffit de mener une enquête qualitative et vous saurez, comme pour les autres bulletins. Il faut juste en avoir la volonté.

Jean-Louis Bourlanges, député MoDem: « La popularité croissante du vote blanc est significative de la puissance grandissante de deux pulsions psychosociales à l’oeuvre dans notre pays: l’égocentrisme et le négativisme » L’Obs, 17 janvier 2019.

Julia de Funes (philosophe): « Descartes se trompait en disant « Cogito ergo sum  » En France, c’est  » Deploro ergo sum  » ». FigaroLive, 12 février 2019
Intégralité de l’intervention: « Descartes se trompait en disant « Cogito ergo sum  » En France, c’est  » Deploro ergo sum « . On s’indigne et on conteste. Simplement, la contestation paralyse tout simplement l’action, on l’a vu. L’effet risque d’être douloureux parce que si on attend l’adhésion totale avant de voter, avant d’agir, on risque de stationner un certain nombre de temps. Les affaires publiques, politiques, sont trop complexes, la mondialisation fait que maintenant c’est très difficile d’être dans l’adhésion, on essaie de faire au mieux. Il faut passer à un vote de pragmatisme, de responsabilité. Or notre pays est dans un  » théorisme  » total ».
Notre réponse: René Descartes connaissait les moutons de Panurge de Rabelais et je ne pense pas qu’il souhaitait que les hommes suivent cet exemple. René Descartes devait mieux maîtriser la complexité que Mme de Funes et son cogito devait lui faire préférer la subtilité à l’alignement servile. L’électeur doit être un aiguillon pour le personnel politique, pas un simple marche-pied vers le pouvoir.

Olivier Duhamel (politologue): Les bulletins nuls sont le vote des « alcooliques graves ». FigaroLive, 12 février 2019
Tout est réglé selon lui, depuis la réforme de 2014 puisque le vote blanc est séparé des bulletins nuls. Sauf que les chercheurs sérieux qui travaillent vraiment au lieu de passer leur temps sur les plateaux de télévision ont démontré depuis longtemps que les bulletins nuls sont dans l’esprit des votes blancs.

Philippe Moreau-Chevrolet (communicant):  » Institutionnaliser le vote blanc revient à dire que l’on va voter pour ce que l’on croit vraiment, c’est-à-dire pour rien.  » RTL, 3 mars 2019.

« UN VER DANS LE SYSTEME » ?. UN INCOMPETENT DANS LE DEBAT

Les médias créent des experts. RTL invite un politologue sur son antenne. Ce n’est qu’un communicant, parmi beaucoup d’autres, mais il a été intronisé politologue. Et il parle du vote blanc. Combien d’études a-t-il menées sur le sujet ? Si elles sont nombreuses il ne nous en cite aucune. S’il s’appuie sur des travaux sérieux, il n’en donne aucune référence.
https://www.rtl.fr/…/grand-debat-faut-il-comptabiliser-le-v…
Mais il a des certitudes, et il les assène. Son nom est aussi pompeux que son discours est convenu: Philippe Moreau Chevrolet. Le vote blanc, selon lui, selon son humeur du moment, serait « un ver dans le système », « une bombe à retardement ». Il révèlerait la faiblesse de la légitimité de nos représentants. Elle existe déjà mais grâce au système sans ver actuel on ne s’en aperçoit pas, on vit dans une fiction. Sauf quand le mouvement des ‘Gilets jaunes’ surgit et que le malaise devient difficile à cacher. Mais cette irruption populaire a plutôt tendance à rendre le pseudo-politologue – peut-être communicant – Moreau-Chevrolet frileux. Il nous rappelle que le peuple est dangereux.
Une étude sérieuse du vote blanc révèlerait qu’une part infime d’électeurs (10%) vote systématiquement blanc mais selon l’expert de Radio Luxembourg, si on officialisait ce mode d’expression, les résultats électoraux et nos institutions seraient fragilisés par « un refus des électeurs de départager entre des choix auxquels ils ne croient pas » (…) « Institutionnaliser le vote blanc revient à dire que l’on va voter pour ce que l’on croit vraiment, c’est-à-dire pour rien. ». L’intégration dans les suffrages exprimés du vote blanc ferait donc entrer dans les urnes le nihilisme. Nos bases institutionnelles, fragilisées, s’effondreraient. La réalité, comme on disait quelques lignes plus haut, c’est que la plupart des gens qui votent blanc ne le font que ponctuellement. S’ils ne croient en rien quand ils déposent un bulletin blanc, comment font-ils pour croire en quelque chose quelques mois voir quelques jours plus tard ou plus tôt quand ils déposent un bulletin nominal ? Notre communicant en marque automobile serait bien incapable de nous le dire puisqu’il ne s’est jamais vraiment penché sur le vote blanc.
Cela ne l’empêche pas de nous annoncer un tsunami à moyen terme. Le vote blanc va tout bouleverser – on imagine notre cher Moreau-Chevrolet en 1848 quand il s’agissait d’accorder le droit de vote à tous les hommes; il aurait crié à la fin du monde – va tuer la légitimité de la démocratie représentative. « Les Français ne croient plus en l’offre politique actuelle, mais le problème c’est qu’il n’y en a pas d’autre. Si on avait un candidat brillant, ça se saurait ». Il aurait pu dire la même chose début 2016, avant la percée d’Emmanuel Macron. En septembre 2018, il nous aurait affirmé que l’automne social serait paisible parce que les syndicats avaient été affaiblis, ne voyant pas l’irruption des ‘gilets jaunes’. Le prix Nobel José Saramago a consacré une trilogie dont le deuxième volume est celui où la capitale d’un pays vote à plus de 80% blanc. Juste avant, dans le premier opus, il avait imaginé une société où tout le monde devenait aveugle. Philippe Moreau-Chevrolet en est là. Du haut de son incompréhension du monde, il nous dit qu’il ne faut pas bouger parce que c’est courir à la catastrophe.
Laissons RTL et notre docteur Pangloss sur quatre roues à leurs angoisses paralysantes et n’hésitons pas à donner plus de pouvoir à l’électeur. Nous vous rappelons notre tribune du 12 février sur LeMonde.fr

Eric Ciotti, député LR. Le vote blanc, « est-ce que ça va apporter du pouvoir d’achat à ceux qui en manquent ? », RTL 10 mars 2019. Est-ce que le droit de voter accordé aux femmes a-t-il augmenté le pouvoir d’achat de qui que ce soit. Les « Gilets jaunes » n’ont pas simplement demandé plus de pouvoir d’achat mais aussi d’être entendus.

Thomas Legrand, chroniqueur sur France Inter.  » A chaque élection, on a le choix entre au moins deux candidats d’extrême-gauche, autant de gauches, de centristes, de droites et d’extrême-droites, d’écologistes, et autres. Ne pas y trouver son bonheur, c’est être incapable d’intégrer ses opinions dans une cohérence collective qui, forcément, demande de penser un peu contre soi-même, pour l’intérêt général. », France Inter, 2 avril 2019. Si Saint Thomas Legrand décidait quel bulletin mérite d’être compté, les dépouillements seraient vite réalisés. La démocratie, ce n’est pas voter dans un entre-soi.

Jean-Michel Aphatie, chroniqueur sur RTL. « La reconnaissance du vote blanc, c’est une bêtise contraire à l’intérêt général ! » Europe 1, 12 avril 2019. Beaucoup des gens qui votent blanc sont des gens qui s’impliquent dans la société pour l’intérêt général. Quand on ne sait pas, on se tait !

 

LE PRIX VOTE BLANC de la
CRETINERIE D’OR 2018
 

est décerné à…

Richard Ferrand (Rapporteur LaRem du projet de révision institutionnelle): « Le vote blanc pourrait être un mouvement de dévoiement de la démocratie où tous les ronchons de la terre pourraient venir tout simplement s’opposer à tout et faire vivre leur insatisfaction perpétuelle. Ne souhaitons pas cela à notre démocratie et à nos citoyens. Ne les incitons pas démissionner ou à nier au fond la capacité à choisir, faisons-en plutôt des candidats. » Les électeurs  sont, pour celui qui depuis est devenu président de l’Assemblée, de mauvais citoyens, des aigris, des déserteurs, des frustrés qu’il faut éduquer. Ceux qui votent blanc sont donc des aigris, des incapables, des déserteurs, des frustrés, des parasites, des peureux, des ignorants… En bref, de mauvais citoyens, dignes d’être censurés. Il faut les éduquer, « en faire des candidats ». On retrouve là le pétainisme du sénateur Jean-Pierre Raffarin que nous relevions dans son intervention en séance sur le vote blanc en 2001: (http://www.vote-blanc.org/articles.php…) La France d’en haut, la France d’en-bas.
 

Résultat de recherche d'images pour "photo richard ferrand"

Pour Richard Ferrand, celui qui vote blanc, ‘s’il est pas content, il a qu’à être candidat’. C’est ne rien connaître de la société réelle, dans laquelle beaucoup de gens n’ont pas les moyens financiers, le bagage scolaire, le temps pour s’engager en politique. Et c’est donc ignorer la force de l’acte électoral de permettre à chacun de se faire entendre, si on n’érige pas des règles qui censurent certaines voix.
Lire plus et voir la vidéo de cette intervention

Candidat vaincu: Jean-Louis Bourlanges. Le député MoDem a pris la parole quelques minutes Richard Ferrand. Son propos n’a pas fait preuve de plus de subtilité : « Si l’on suivait l’argumentation défendue par FI on arriverait à une situation potentielle de blocage. On reconnaitrait aux citoyens la possibilité de bloquer toute nomination. Le droit de vote c’est la participation à un service public. Le service public qui consiste à désigner les représentants de la nation – parlementaires, président ou autres – et nous ne pouvons pas nous dérober à cette tâche. Il y a là quelque chose de tout à fait essentiel qui est en cause. Le suffrage ne doit pas être considéré comme l’expression de ce que nous pensons mais comme la contribution de chacun à l’exercice d’un devoir civique qui consiste à pourvoir à des offices en fonction des nécessités de la République. »
Jean-Louis Bourlanges se contentera toutefois de la seconde place.

 

vainqueur 2017: le slogan « Voter blanc, c’est voter Le Pen »


C’est un collectif qui l’emporte, représenté par:

« S’abstenir ou voter blanc, c’est voter pour Marine Le Pen » Manuel Valls BFM.TV 27 avril 2017
« C’est très grave de voter blanc. » Jean-Pierre Raffarin BFM TV
« S’abstenir ou voter blanc, c’est voter le Pen. » François Bayrou BFM TV 24 avril 2017
« L’abstention ou le vote blanc, c’est un coup de pouce à Mme (Marine) Le Pen », Alain Juppé sur son blog intitulé « Non! ».
« Voter ni Macron, ni Le Pen, c’est voter Le Pen » Jean-Christophe Cambadelis 27 avril 2017

Non Messieurs, voter blanc, c’est voter en conscience, pour des convictions, ici contraires autant à celles de Marine Le Pen qu’à celles d’Emmanuel Macron. Pointer du doigt des électeurs en caricaturant leur vote c’est rendre un mauvais service et accélérer le processus que l’on dit combattre.


Les candidats malheureux sont:

Béatrice Giblin : « Je suis très préoccupée par cet engouement pour le vote blanc. C’est pousser les gens à ne pas essayer de s’engager. C’est au fond une sorte de fuite de ses responsabilités. ‘Il y en a aucun qui va me plaire.’ Bien sûr puisqu’on est 66 millions et on va avoir in fine à choisir entre deux. Donc on va choisir celui qui va sembler correspondre le plus à nos souhaits. Je suis très hostile à cet engouement sur le vote blanc qui me paraît un peu dangereux. »
François Bujon de L’Estang : « Je comprends et je sympathise. »

Béatrice Giblin, géopoliticienne, François Etienne Vladimir Bujon de L’Estang, diplomate français. 9 avril 2017, émission L’esprit public, France Culture.

Deux bourgeois qui, en 1936, se seraient offusqués que les ouvriers aient des congés payés.


L’évêque du Havre, Jean-Luc Brunin, nous alerte sur l’acte de couardise que nous accomplirons si nous votons blanc:
«J’entends souvent :  » Quand on voit ce spectacle désolant, on n’ira pas voter ou on votera blanc. »  Devant cette attitude de dépit, je leur dis :  « Est-ce un acte responsable ? » Leur discours revient plus ou moins à dire : je refuse de discerner ce qui me semble être le mieux pour l’avenir de mon pays, ou alors, il y a tel ou tel élément « non négociable » sur lesquels je ne veux pas transiger, donc je ne me mouille pas. De la part d’un chrétien, ce n’est pas une attitude juste.»

‘Juste’, le mot est lâché. Le vote blanc est injuste, c’est un manque de courage. Il faut savoir fermer les yeux sur des comportements condamnables. Propos maladroits en ces temps d’affaires de pédophilie dans l’Eglise où l’on attend des catholiques de ne pas forcément trop fermer les yeux.
Mgr Brunin oublie le vote en Conscience. Voter blanc peut être un vote de lucidité. Il dit que le rôle des évêques est «d’éveiller les consciences, d’aider à retrouver le ‘sens du politique’.» Inciter le catholique à devenir un électeur moutonnier, ce n’est pas l’éveiller.
Quand il ajoute pour l’abstention et le vote blanc: «Ni l’une ni l’autre ne sont pris en compte. On peut toujours rêver que soit un jour instauré un mécanisme de quorum contraignant les candidats à revoir leur copie, mais en attendant, le vote blanc et l’abstention ne sont qu’un trou sans fond» on se demande ce qu’ils font pour que ce vote blanc devienne un suffrage exprimé. Rien, malheureusement. Qu’ils nous rejoignent pour oeuvre en ce sens, on n’est jamais assez de bonnes volontés.
Le 5 mai 2007, le cardinal Barbarin – plongé dans de sinistres affaires depuis – déclarait à Témoignage chrétien: «Si les deux candidats soutiennent une mesure contre laquelle ma conscience se révolte, je peux poser l’acte politique de ne pas voter ou de voter blanc
C’est à en perdre son latin.
Lire l’interview de La Croix

Anne Muxel (CEVIPOF), de « Trop de démocratie tue la démocratie » (France Culture, septembre 2014) à « Le vote blanc se présente comme un exutoire commode – il n’esquive pas le devoir du vote – à une indécision qui se diffuse. Indécision pour choisir, indécision pour participer. » (Le Monde, avril 2017) ou quand les idées toute faites remplacent la démarche scientifique.

Il est des universitaires qui se croient juchés sur un Olympe. Ils ont la vérité infuse. Et, pour eux, il y a des sujets plus ou moins dignes. L’Olympe politique, en France, c’est le CEVIPOF. On y brasse de grandes analyses sur la vie politique du pays. On côtoie le gratin politique, on fréquente assidument les médias. Au point qu’on en adopte leurs préoccupations et qu’on en oublie de faire son travail de chercheur.
Pour ces Olympiens, il est des sujets nobles et des sujets vulgaires, indignes de leur niveau de compétence. Alors, quand on est obligé de dire un mot de ces derniers, on l’évacue vite fait mais avec le ton péremptoire du maître donnant la leçon. La voix de son maître, en effet. Quand le CEVIPOF parle du vote blanc, il reprend systématiquement à son compte les arguments du ministère de l’intérieur.
C’est ce que fait Anne Muxel dans le Monde. Celui qui vote blanc est quelqu’un qui se défile, qui n’a pas le courage d’avoir une opinion tranchée, qui hésite. Vous avez là la description du mauvais citoyen, telle que nous l’ont souvent présentés de nombreux parlementaires à la suite du ministère de l’intérieur. Jamais pour eux le vote blanc ne pourra correspondre à une conviction, à un message élaboré, à un refus de la médiocrité. On aimerait qu’Anne Muxel nous livre les enquêtes qualitatives qu’elle a menée pour aboutir à cette affirmation. Nous les attendrons longtemps.

Lire l’article le billet d’Anne Muxel dans Le Monde

Voici ce que nous avions répliqué à Anne Muxel quand elle avait clamé sur France Culture: « Trop de démocratie tue la démocratie ».
Lire notre réponse


Anne Levade, juriste, présidente de la Haute autorité de la primaire de la droite et du centre, nous rappelle la vision paternaliste de la vie politique du sénateur Jean-Pierre Raffarin au début de ce siècle. Suite à ses interventions dans un débat au sénat sur le vote blanc en 2001, nous avions parlé de vision pétainiste. Il y développait avec satisfaction sa philosophie de « l’humanisme libéral », qui l’amenait à parler de République d’en haut et de République d’en bas (simplifié en ‘France d’en haut’ et ‘France d’en bas’ quand il fut Premier ministre). Il ne fallait pas les opposer selon lui. Voir notre compte-rendu de ce débat.

Anne Levade, elle, nous explique que nous sommes des enfants gâtés. Et elle n’hésite pas à recourir au cliché churchillien de la démocratie qui est le pire des régimes à l’exception de tous les autres. Il faut se contenter de ses limites. Si l’électeur mécontent chasse et empêche les politiciens qui étaient élus ou leurs semblables de le devenir, c’est lui qui sera puni in fine. « Le risque est grand que, se parant, avec le vote blanc, des atours de la juste expression de la volonté populaire, le peuple soit nu. » Le peuple est peuple tant qu’il se soumet, se résigne au vote utile. L’exigence n’est pas pour lui. Et pire, celui qui vote blanc est celui qui trahit en n’osant pas le montrer. La trahison, c’est l’abstention, et l’électeur qui vote blanc trahit en se dissimilant. Il cumule les tares.
Pour Anne Levade, «la démocratie est une construction intellectuelle qui repose sur des fictions, au premier rang desquelles celle du gouvernement par une majorité qui est d’autant plus légitime que l’alternance démocratique assure que les battus d’une élection puissent être les vainqueurs de la suivante.» Sauf que lorsque l’on est dans la République ‘du peuple, par le peuple, pour le peuple’, on se doit d’accepter la fiction selon laquelle ce serait le peuple le maître de son vote le jour d’une élection, que le résultat plaise ou non à Anne Levade.
«Quiconque ferait entendre une opinion contraire serait instantanément l’incarnation de l’archaïsme et, pour tout dire, l’ennemi du progrès démocratique.» C’est ma foi vraie Mme Levade. Quand face à la volonté de sortir le citoyen électeur de l’état d’enfantillage dans lequel il est plongé depuis les débuts du suffrage universel, on gaspille une page pour dire que si cet électeur sort du bac à sable dans lequel nos dirigeants protecteurs l’ont mis il se fera écraser par une voiture, et bien oui, on est ‘archaïque’, et pas vraiment dans le sens du ‘progrès démocratique’.
Lire son billet d’humeur dans L’Express

Nous rappellerons que ce genre d’arguments tenus par Jean-Luc Brunin, Anne Muxel et Anne Levade se rapprochent de ceux tenus contre le vote des femmes jusque dans les années 1930. Lire notre comparaison
Mais aussi de ceux qui pendant une trentaine d’années ont retardé l’introduction – en 1913 – de l’isoloir et des enveloppes dans les bureaux de vote. Lire l’article d’Alain Garrigou.



« Il y a d’abord le vote blanc rural, qui s’exprime dans les petites communes, où tout le monde se connaît et où il peut être mal perçu de ne pas aller voter. Il recèle donc de l’abstention cachée. Il y a ensuite le vote blanc urbain, dont les utilisateurs sont plus politisés, plus éduqués. Ils délivrent davantage un message politique. » Adélaïde Zulfikarpasic, directrice adjointe de l’institut BVA, 29 mars 2017, L’Express.

15 ans qu’elle répète le même cliché. Les campagnes ont bien changé ces 30 dernières années mais on en reste à une analyse du siècle de La Fontaine !!!

Voir notre analyse sur la différence entre campagnes et villes.


« Je suis toujours un peu sceptique sur ces gens qui estiment que l’offre du moment ne leur va pas. Je ne sais pas si c’est le problème de l’offre ou celui des gens en question. » Michel Issindou, député PS, décembre 2016, France Inter. (de 1’50 à 2’30)

« Contrairement aux Etats-Unis, la France affiche une volonté d’égalité absolue en matière d’élection. Le suffrage universel est censé y être encore plus pur que l’immaculée conception » Didier Maus, constitutionnaliste, 1er novembre 2016, Huffington Post. Quelle égalité absolue quand le principe 1 homme/ 1 voix est bafoué par la non reconnaissance du vote blanc !? (lui-même est anti-vote blanc)

Afficher l'image d'origine
Un candidat belge: l’ex-président de la Chambre et ex-ministre de la défense. Il défend le vote obligatoire belge: « A quoi servirait la liberté de penser s’il n’est de liberté de choisir ? (…) D’autant que chez nous, le vote blanc est possible, comme le vote nul. Je maintiens que le droit de vote est un devoir citoyen au sein duquel, chez nous, toutes les libertés restent possibles. Maintenir le devoir électoral est un gage de responsabilisation du citoyen, tout autant que d’une juste représentativité. » Tout d’abord, le vote blanc n’est pas un suffrage exprimé en Belgique; il est donc ‘possible’ de ne pas exister, mais ce n’est pas exaltant. Ensuite, voir dans le vote obligatoire la liberté de choisir (il manque en Belgique celle de ne pas cautionner), une responsabilisation de l’électeur (en fait on lui dit qu’il est un enfant à qui il faut tenir la main) et qu’il aboutit à une juste représentativité (la politique belge a plutôt fait preuve de divisions presque haineuses ces dernières années) nous fait voir ce André Flahaut, socialiste, comme un amuseur, comme un de ces professionnels de la politique qui n’ont plus de réels contacts avec la réalité.
Lire l’article du quotidien Le Soir
 


Le prix n’a pas été décerné en 2016
 

vainqueur 2015: Groupe EELV à l’assemblée

Même les écologistes, placés face à un intérêt à court terme – entrer au gouvernement – s’assoient sur leurs convictions:
 


AVANT: «Nous, élus écologistes, nous continuerons à œuvrer pour sa reconnaissance pleine et entière, comme je l’ai déjà dit en commission. » Sergio Coronado (EELV), jeudi 28 novembre 2013, Assemblée nationale.
« La question que posait le présent texte était double, puisqu’il s’agissait à la fois de reconnaître le vote blanc par un décompte spécifique et de prendre en compte les bulletins blancs parmi les suffrages exprimés. Si telle avait été la volonté du rapporteur, le groupe écologiste aurait voté cette proposition telle quelle. »  Sergio Coronado (EELV), jeudi 22 novembre 2012, Assemblée nationale.

AUJOURD’HUI: « D’autre part, il a mis en place des mesures de justice et d’équité électorale, telles que la reconnaissance du vote blanc. Certes, les bulletins blancs ne sont toujours pas intégrés aux suffrages exprimés, mais ils sont désormais comptabilisés et communiqués séparément des bulletins nuls lors de la proclamation des résultats. Cette disposition consacre, pour le citoyen, la possibilité d’exprimer son insatisfaction à l’égard de l’offre électorale. » Proposition de loi du groupe écologiste à l’Assemblée, mars 2015
 

Autres candidats

La réforme électorale du 21 février 2014, jugée très insuffisante par les écologistes pendant les débats au parlement, est considérée suffisante aujourd’hui (!!!).

  François d’Orcival, président du comité éditorial de Valeurs actuelles

«Je vote blanc, je vote ‘rien’, je vote nul, je vote ‘rien’, je m’abstiens, je ne suis pas dans le coup.» Europe 1, 5 mars 2015. L’éditorialiste met dans le même sac ces trois types de réponse à une élection (qui, selon nous ne sont que deux: abstention et vote blanc – bulletins blancs + bulletins nuls) et en conclue qu’il ne faut pas en favoriser une plus que l’autre. Comme le vote blanc a toujours été associé à une abstention, il n’est pas question aujourd’hui de réfléchir à corriger cette anomalie pour donner plus de subtilité à l’acte électoral. Regrettable pour quelqu’un qui se voudrait un ‘phare’ intellectuel de la presse.

« It would be too complex and feed an unachievable hunger for the perfect candidate.» Tim Sanders, président de la commission électorale pour l’état du Minnesota, février 2015 (cité dans le blog D.C. Clothesline)

 Cette déclaration fait suite au dépôt d’un projet de loi demandant l’instauration d’une option ‘vote blanc’ (NOTA, none of the above) sur les bulletins dans le Minnesota par une sénateur de cet état.
L’électeur n’est pas naïf au point de croire au candidat idéal. En revanche, il rejette les facilités dans lesquelles tombent beaucoup d’élus. Il est ridicule de créer une fausse idée – l’attente d’un candidat ‘parfait’ par les électeurs – pour ne pas voir le réel malaise.
 

vainqueur 2014: CHARB


«Si le menu de la cantine ne te plaît pas, passe de l’autre côté du zinc et cuisine toi-même! Et si tu ne veux pas accepter de prendre des responsabilités, milite pour le système politique le plus exigeant du monde: l’anarchie.» Charb, Charlie Hebdo, 13 décembre 2013.
 

Notre réponse

Qu’il est vieux ce recours culinaire pour parler de vote blanc ! Ici, il sert à nous dire que celui dont la vie est une galère – au chômage ou multipliant les petits boulots, femme seule avec des enfants… – s’il n’est pas content des jeux politiciens qui polluent les convictions que  devrait afficher son camp, doit pour le signifier créer son propre parti (!!!). En a-t-il le temps, le bagage culturel, les moyens financiers ? Il lui en manque sans doute au moins un et Charb le cloue au pilori s’il vote blanc. Quand nous, nous proposons de réfléchir à un vote blanc qui aurait un pouvoir de sanction – pas d’élu par exemple au second tour des présidentielles de 1995, 2002 et 2012 en se conformant simplement à la constitution actuelle – Charb renvoie ceux qui souffrent à son anarchie de bobo (à moins qu’il ne croie que Besancenot ou Artaud élus nous permettraient d’être rasés gratis), « dans 10 000 ans peut-être » comme aimait à le dire Léo Ferré. Tant que Charb ne vivra pas tout nu dans un tonneau comme Diogène pour rejeter cette société qu’il abhorre, qu’il passera par les NMPP pour vendre son canard, utilisera des euros pour assurer ses plaisirs quotidiens, son appel à l’anarchie ne sera qu’une désinvolture de nanti. MAX STIRNER, OUI, CHARB, NON.



Texte intégral:

Pas plus nul que le vote blanc 13 Décembre 2013

« Vous le sentez venir, le cyclone insurrectionnel qui va fouetter nos joues pâlottes ? Un vent mauvais secoue déjà le pays de la cave au grenier, des tuiles se décrochent du toit à un rythme de plus en plus soutenu et… Et le gouvernement et les députés socialistes, soutenus par les centristes (enfin, par Bayrou et Borloo, les Laurel et Hardy de la droite moite), débattent d’une vieille idée foireuse: la reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé. Les votes blancs ne seraient plus confondus avec les votes nuls. Un bond de géant pour la démocratie, non? Non.

 Ces benêts incapables d’enrayer la montée du FN, ces ectoplasmes incapables de tout qui n’ont comme ambition que de garder leur place au chaud ont fini par avoir peur. Enfin, les morts-vivants de la politique expriment une émotion! Que les gens disent massivement leur colère et leur désarroi en fourrant un bulletin d’extrême droite dans l’urne, ça les réveille en pleine sieste. La solution pour qu’ils terminent leur digestion tranquillement serait donc d’offrir un moyen au peuple impuissant pour se défouler sans rien casser: le vote blanc. Tu es en colère, ta colère te brouille la vue, te rend dingue, te rend con, tu t’apprêtes à voter Rassemblement Bleu Raciste, mais… Comme tu as toujours voté à gauche jusque-là et qu’au fond de ton cerveau reptilien tu sais que le fascisme n’est pas bon pour la santé des peuples, tu votes blanc. Le vote blanc, le moyen de dire zut!

Le rouge est une belle couleur.

Il y a un autre moyen de faire dégager les gros culs dont la seule fonction consiste à gaver des banquiers rongés par l’insatiable ver solitaire du vol: voter vraiment à gauche ou bien descendre dans la rue. D’ailleurs, non, ras le bol de cette expression tellement mâchée par tellement de faisans qu’elle n’a plus aucune saveur. Plutôt que de descendre dans la rue, il nous faut monter dans les palais pour en déloger les rentiers de la République à coups de fourchettes à escargots.
Mais il se trouve que le peuple de France est plus sensible au show de la millionnaire lepéniste qu’au programme de la gauche non socialiste…
Je vote blanc, je suis dans la situation du type ou de la nana qui va bouffer à la cantine et qui s’aperçoit en lisant le menu que ça ne lui convient pas. Du coup, je prends mon plateau-repas, je le pose sur la table et je sors sans y avoir touché. Je manifeste un certain mécontentement. Le chef, voyant ça, réagira sûrement pour améliorer la carte… Oui, mais comment savoir ce qu’il doit améliorer? Certains n’auront pas touché le plateau à cause des endives, d’autres à cause des betteraves, du fromage de yack ou de la chapelure des escalopes…
Le vote blanc ne défend pas une idée, le vote blanc ne dit rien d’autre que «je suis pas content». Le président élu restera celui qui obtiendra le plus de votes en sa faveur. S’il est le seul à voter pour lui et que tous les autres électeurs ont voté blanc, il sera élu et légalement élu. Le vote blanc est un hochet pour endormir bébé.
Si le menu de la cantine ne te plaît pas, passe de l’autre côté du zinc et cuisine toi-même! Et si tu ne veux pas accepter de prendre des responsabilités, milite pour le système politique le plus exigeant du monde: l’anarchie. Mais parce qu’on peut l’interpréter n’importe comment, parce qu’on peut lui donner n’importe quel sens, le vote blanc n’a aucun sens. Voter blanc est encore plus con que de ne rien voter. Je ne suis pas d’accord avec ce que nous propose le système, mais je continuerai à en perpétuer l’existence en votant blanc. Nul. »

Charb




Autres candidats:

Candidat N°1
 

« L’abstention est en fait bien plus grave que le vote antisystème: et ce, qu’il s’agisse du vote d’extrême droite, du vote d’extrême gauche, ou du vote blanc. » Le Figaro, 2 mai 2014. Le vote blanc un vote antisystème ( !!) alors que selon lui, si le vote blanc dépassait les 50% il faudrait refaire l’élection.

 Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po, docteur en sciences politiques (Sciences Po – CEVIPOF).
Lire l’intégralité de l’article.



Candidat N°2
 

« Quand vous êtes citoyen, il ne s’agit pas de voter pour quelqu’un en qui vous avez confiance à 100%. Mais distinguer le non-choix, c’est récompenser une forme de couardise. Si quelqu’un n’a pas le courage de choisir à un moment dans l’isoloir, tant pis pour lui ! » Jean-Michel Aphatie, RTL, 29 avril 2014.

Sur l’histoire du courage, de c…. qu’il faut avoir pour voter, voir notre réponse au candidat N°3.



Candidat N°3
 

« Alors, l’androgyne à la tribune retirera doucement son masque. » Gaspard Koenig, Le Point.fr, 17 février 2014.

Lire le conte de Gaspard Koenig dans son intégralité.
 

Notre réaction à ce texte. Le jeune homme pense avoir rédigé un texte impertinent. Pourtant, il véhicule une lecture archaïque de l’acte électoral. Il a mis un loup pour mieux dérouler en courtisan qu’il veut être son conte impitoyable et à la fin, à la dernière phrase, il le retire. On s’en était douté mais c’est bien ça : celui qui vote, c’est celui qui est courageux, qui a des c… Alors que celui qui vote blanc est androgyne, sûrement impuissant. Le vote, c’est la continuation de la guerre, avec des bouts de papier. Un nom sur un bulletin, c’est exhiber son torse à la mitraille au nom de convictions indestructibles. L’électeur qui vote blanc est lui un homme masqué qui profite du secret de l’isoloir pour ne pas choisir, pour se défiler. Comme si l’électeur qui a choisi un candidat ne serait pas entré dans le même isoloir et là aurait choisi de voter comme la majorité, pour être conforme à la doxa. Mouton de Panurge, il va là où le berger le mène. A moins que perché sur un arbre, il ait ouvert son bec en entendant les flatteries du candidat Renard. Il se dit qu’on ne l’y reprendra plus mais, ne voulant pas être l’âne de Buridan, la fois suivante il accorde son suffrage au premier enjôleur.


Lire l’intégralité de la réponse.


Candidat N°4

« Imaginez que l’on vous propose le bulletin de vote idéal. Un bout de papier qui vous dispenserait de la corvée de choisir entre des candidats aux mines plus ou moins patibulaires, de lire leurs programmes soporifiques, de soupeser leurs turpitudes, de les écouter se contredire en proférant les mêmes banalités? Un rectangle magique qui vous donnerait la garantie absolue de ne jamais regretter votre vote, d’être certain de ne pas avoir soutenu un menteur, un corrompu ou un incapable ? » Eric Dupin, journaliste et essayiste, Slate.fr, 3 janvier 2014.
Lire l’intégralité de la chronique

Notre réponse
 « Imaginez que vous soyez un électeur béni oui-oui, qui vote toujours à gauche, toujours à droite, toujours SFIO/PS, toujours RPR/UMP, par tradition familiale, par conviction (« moi j’ai des valeurs, monsieur »). Vous lisez tous leurs programmes soporifiques, vous soupesez leurs turpitudes, vous les écoutez se contredire en proférant les mêmes banalités. Un rectangle magique vous donne la certitude – la suffisance ? – d’être dans le bon camp. Et tant pis si vous avez parfois soutenu un menteur, un corrompu ou un incapable. »
Candidat N°5«Les bulletins blancs, ce sont des histoires à la noix de coco montées en épingle par des ratiocineurs incapables de se faire élire !» Michel Mercier, sénateur UDI, débat en commission au sénat, 5 février 2014. Si quelqu’un comprend quelle mouche a piqué Michel Mercier, qu’il nous le dise. Cette affirmation confirme le titre 2013 de la Crétinerie d’Or accordé à l’UDI puisque le sénateur déglingue ses collègues parlementaires qui se battent pour cette réforme Canada Dry.

Candidat N°6
«Aujourd’hui, quand on regarde l’état de notre société, les problèmes auxquels nous sommes confrontés, je suis partisan de renforcer la crédibilité de nos élus et non pas de l’affaiblir. Demain, nous aurons besoin plus que jamais d’élus crédibles et forts. Le vote blanc va dans le sens de l’affaiblissement de la crédibilité de l’élu.» François Vannson, député UMP, débat en commission à l’assemblée, 20 novembre 2013. Truquer les chiffres pour rendre plus crédible l’élu, c’est bien UMP ça.

Candidat N°7 (deux propositions)« Aujourd’hui, les bulletins blancs sont comptabilisés avec les bulletins nuls. Un vote nul c’est, par exemple deux bulletins dans l’enveloppe parce qu’on s’est trompé. Je signale que cette erreur est de plus en plus fréquente parce qu’il y a une population de plus en plus âgée et comme les bulletins sont très fins c’est difficile de les séparer. » Dominique Reynié, politologue, 27 novembre 2013, Emission ‘C dans l’air’ France 5. Euthanasie papy, euthanasie mamie. La gérontocratie menace notre vie électorale.

« Je suis fâché d’entendre des personnes qui savent ce que veut dire un vote blanc. C’est peut-être une intime conviction mais on ne saura pas. Ils ne vous disent rien. » Idem Au boulot Dominique. Une étude qualitative et tu en sauras autant que sur le vote Hollande ou le vote Sarkozy.

Edition 2013. VAINQUEUR

Pour la première fois, l’Association remet le prix Vote Blanc de la Crétinerie d’Or à un collectif. L’UDI a amplement mérité le titre 2013 suite à sa magistrale première initiative parlementaire, préparée de longue date et criante de cohérence :
 

1. Comment bâcler un travail: Pour défendre une idée – ici séparer les bulletins blancs des bulletins nuls – l’UDI présente une proposition de loi qui demande autre chose – vote blanc transformé en suffrage exprimé. Comme ça, il peut lui-même corriger en commission son propre texte.

Puis, ne pas bien préparer les détails. Ainsi, les députés UDI se battent pour obtenir qu’une enveloppe vide soit un bulletin blanc alors que les sénateurs UDI considèrent que c’est une mauvaise idée. Cela oblige à une relecture à l’assemblée à l’automne.

2. Comment se renier: Pendant 20 ans, les centristes ont milité pour un vote blanc ayant valeur de suffrage exprimé. Le PS, lui, était contre et se limitait à demander la séparation des bulletins blancs et des bulletins nuls. LE PS EN REVAIT, L’UDI L’A FAIT. Bravo, pour une formation qui s’est créée en clamant qu’elle était du centre droit.

François Zocchetto, juin 2007  (rapporteur UDI au sénat): « Cette proposition de loi vous invite à ce que le vote blanc, expression de l’opinion d’un citoyen, soit compté parmi les votes exprimés et comptabilisé dans les résultats. » Co-signature de la proposition de loi d’Yves Détraigne.
François Zocchetto, février 2013 : « Je citerai volontiers un député de la monarchie de Juillet – c’est une référence étrange, je vous l’accorde, mes chers collègues, mais la citation n’en demeure pas moins intéressante – : ‘‘Un billet blanc, mille billets blancs, dix mille billets blancs ne sauraient faire un député, et la loi veut faire un député.’’ »

François Sauvadet, juillet 2012 (Député UDI, auteur de la mouture initiale de la proposition de loi): « Les bulletins blancs sont décomptés séparément et annexés au procès-verbal. Ils entrent en compte pour la détermination des suffrages exprimés et il en est fait spécialement mention dans les résultats des scrutins. »
François Sauvadet, novembre 2012 : « En plein accord avec mon groupe, j’ai donc déposé un amendement visant à ne pas comptabiliser les votes blancs, qui seront toutefois distingués des votes nuls, dans les suffrages exprimés. »

Jean-Louis Borloo, février 2012 (Président de l’UDI, âme pensante de la formation): «Un seul article suffit : ‘si une enveloppe ne contient aucun bulletin, le vote est considéré comme blanc. Ces votes sont comptabilisés distinctement, ils n’entrent pas en compte dans le résultat du scrutin.’ Cette écriture prudente est une nécessité. »
François Zocchetto, février 2013 : « Je suis moi aussi convaincu que ce texte peut être modifié. C’est pourquoi je propose à l’article 1er un amendement, consistant à supprimer la phrase ‘‘ Une enveloppe ne contenant aucun bulletin est assimilée à un bulletin blanc. ’’. »

Résultat des courses, l’UDI, qui s’est fondé en clamant qu’il ne commettrait pas l’erreur du Modem d’appeler à voter socialiste, a, pour exister au parlement, été la marionnette du PS, faisant tout ce que celui-ci lui a demandé de faire, jusqu’à se défroquer.

Cette stupidité s’est confirmée en novembre 2013:

L’ARROSEUR ARROSE

François Sauvadet, encore plus que l’UDI, va sortir avec la gueule de bois de la séance publique du 28 novembre. Il avait déposé en juillet 2012 une proposition de loi réclamant que les bulletins blancs soient des suffrages exprimés. Il avait d’abord dû accepter et prendre à son compte la ruse de sioux de son nouveau chef, Jean-Louis Borloo, c’est à dire se limiter à simplement séparer les bulletins blancs des bulletins nuls, laissant le tout hors de la catégorie des suffrages exprimés. Il parlait avec fierté de cette tactique des petits pas, obtenir un gain limité pour ensuite, d’étapes modestes en étapes raisonnables, arriver au Graal. Mais le PS l’a pris à son propre jeu et le fait tourner en bourrique. En février déjà, la majorité sénatoriale encouragée par le représentant du gouvernement avait retoqué l’idée carcassonnienne qui avait tant plu à François Sauvadet, celle des enveloppes vides comptées comme des bulletins blancs. Le gouvernement laissant l’UDI se débrouiller avec sa niche parlementaire, cette modification ne put revenir devant les députés que ce 28 novembre, moins de trois mois avant les municipales. D’où la panique de François Sauvadet et la colère de l’UDI, voyant leur mesure perdre toute chance de jouer un rôle (!?) dès la prochaine consultation. L’ancien ministre est donc prêt à faire un pas encore plus petit que prévu pour que sa réforme bienfaitrice soit effective dès le 1er mars. Il sacrifie sa chère ‘enveloppe vide’. Mais voilà que les députés socialistes lui douchent ses espérances. Ils veulent une petite avancée et non une avancée lilliputienne. Ils vont donc insister sur l’enveloppe vide, voter cet amendement en séance publique le 28 et plonger dans le désarroi leur collègue Sauvadet, et dans l’extrême courroux l’UDI. F. Sauvadet tente le tout pour le tout en commission. Il se tourne vers le président PS Urvoas et avoue qu’il a sacrifié, pour le séduire, l’idée d’un vote blanc devenant suffrage exprimé et qu’en retour il attend de lui un geste, celui de renoncer à cet amendement perfectionniste. Les députés socialistes lui réserveront le 28 le même retour d’ascenseur que celui auquel eut droit François Bayrou aux législatives de 2012.

Est pris qui croyait prendre.

Candidats malheureux de l’édition 2013


« Le vote blanc est un thermomètre qui ne dit pas en quoi le corps électoral est malade. Il ne peut donc pas être assimilé à un suffrage exprimé.»

Marietta Karamanli, 22 novembre 2012, députée PS, débat public à l’Assemblée nationale. Notre commentaire: Médecins cherchent désespérément le thermomètre qui ne se contente pas d’afficher la température mais qui écrit noir sur blanc l’origine de la fièvre. Le vote blanc n’est d’aucune utilité pour les politiciens paresseux.

« Si les citoyens ne sont pas contents de leurs représentants, qu’ils se présentent aux élections et se retroussent les manches, plutôt que de jouer aux consommateurs difficiles et exigeants qui démolissent, mais généralement ne proposent pas grand-chose.» Lionel Tardy, député UMP, débat public à l’Assemblée nationale.
Notre commentaire: Et ceux qui sont investis dans des responsabilités syndicales, dans des actions humanitaires, dans une activité profession-
nelle sociale prenante, doivent-ils abandonner tous ces engagements pour rejoindre la classe politique parce que l’élection ne leur permet pas d’exprimer une volonté personnelle ? Et ceux qui sont en bas de l’échelle sociale, ne peuvent-ils pas compter sur l’acte électoral, ouvert à tous, pour se faire entendre ? Ont-ils les moyens financiers, culturels, en temps pour s’investir dans la politique ? Dans quel monde vit M. Tardy ? Sûrement dans un monde qui gravite autour de son nombril.

«Moi je suis très favorable à ce vote blanc pris en compte. C’est comme le tri sélectif, on peut tout mettre dans la même poubelle, ou pas. Mais les nuls et les blancs, c’est différent.» Daniel Van Eeuwen, professeur de sciences politiques à l’IEP d’Aix. M l’actu.fr, 26 novembre 2012
Notre commentaire: Daniel Van Eeuwen participe à notre Prix parce que depuis le 22 novembre il est content : le vote blanc peut s’enorgueillir de finir dans une poubelle plus belle qu’avant. Le vote blanc a quitté la poubelle à détritus pour être jeté dans celle des déchets recyclables !!! On loue le bulletin blanc (« Moi je suis très favorable à ce vote blanc pris en compte ») pour mieux l’étrangler.

«Que cherchent les associations qui militent pour la reconnaissance du vote blanc ? Leurs souhaits sont sans doute différents de ceux du législateur… A ceux qui veulent par cette revendication délégitimer la démocratie représentative, cette proposition de loi coupera les pattes.» Alain Richard, sénateur socialiste, 13 février 2013, débat en commission. Amis de la démocratie, bonsoir.

«Mais reconnaissons-le, lorsque l’on ne choisit pas, ce sont les autres qui le font.»  Jean-Yves Leconte, sénateur socialiste, séance publique au sénat, 28 février 2013. Bien évidemment, si le vote blanc n’est pas un suffrage exprimé. Si vous participez à une course avec un handicap par rapport aux autres, les autres ont plus de facilité de vous ignorer. Que le vote blanc soit à égalité avec les autres bulletins et le fait de ne pas voter en électeur ‘béni-oui-oui’ ne sera pas forcément sans conséquence.

« Aux membres des associations qui nous recommandaient d’aller au-delà, c’est-à-dire de ne pas rechercher la voie de la convergence, je veux dire qu’ils se trompent de combat. » François Sauvadet, séance publique à l’Assemblée, 22 novembre 2012.

Lauréat de l’édition 2012:

«En tout état de cause, même s’il y avait 40 millions  de votes blancs, il faudrait bien que quelqu’un soit élu.» Guy Carcassonne, France-Info, 8 mai 2012. 39 999 999 bulletins blancs, un vote X: c’est X qui est élu !!!
 

Lauréat de l’édition 2011:

«Ceux qui souhaitent comptabiliser les bulletins blancs ont une idée derrière la tête : démolir la république et l’Etat, mais sans dire au profit de qui ou de quoi….» Michel Charrasse, La Montagne.fr, 19 août 2011.

Candidats malheureux des années précédentes:

BEAUFITUDE

Monsieur Brunet est un grand découvreur. Grâce à lui, nous savons maintenant qu’il existe des pays un peu dictatoriaux. Il nous en donne même la définition : ce sont des pays où le pouvoir tolère une certaine opposition réelle mais en censure d’autres composantes. Et comme ce régime est dictatorialement tolérant, il permet aux électeurs qui soutenaient les candidats censurés de voter blanc pour faire connaître leur désappointement et il comptabilise ces suffrages. Nous avons longtemps cherché un exemple de ‘dictature un peu’ et le seul pays qui nous est venu à l’esprit sont les Etats-Unis. Deux seuls partis, systématiquement, s’affrontent et les libertariens n’arrivent jamais à se faire entendre.

Trêve de bêtise. Monsieur Brunet nous dit que le vote blanc serait un peu de démocratie dans un pays un peu dictatorial. Mais dans la belle démocratie française où dix candidats – rendez-vous compte ! – concourent, c’est démocraticide. Quel idiot ce sympathisant UMP qui a voté Sarkozy en 2007 mais qui a été déçu par le quinquennat et qui  manifeste sa déception en votant blanc ; il avait deux candidats trotskystes pour faire passer son message ou Dupont-Aignan même si notre électeur est favorable à l’euro.

Aux prochaines législatives, il y aura dans certaines circonscriptions 25 à 30 candidats. Interdit de voter blanc ? Non ! Ce n’est pas la quantité qui fait la qualité.

Monsieur Brunet se rajoute à ces gens qui se donnent le droit de décréter qui n’a pas le droit de faire entendre sa voix. Selon lui, il y a les handicapés du suffrage, incapables de trouver candidat à leur pied et l’eugénisme électoral actuel est parfait pour les éliminer. « On a déjà un problème avec les abstentionnistes, si en plus on a ce vote blanc… » Que Monsieur Brunet aiguise avec plaisir un tel type de beaufitude, c’est dommage mais ce n’est que Monsieur Brunet. Que la république française partage depuis plus de cent ans ce dégout de l’électeur, c’est accablant !

PS. Monsieur Brunet a écrit un livre pour défendre le candidat Sarkozy. Pourtant, celui-ci, cinq jours plus tôt, déclarait : «Je ne vois pas d’inconvénient au vote blancC’est l’expression d’une position. On ne peut pas dire à quelqu’un qui fait l’effort de se déplacer pour voter qu’on ne reconnait pas son vote. Il n’y a pas un bon vote et un mauvais vote. Il y a un vote et il doit être pris en compte.»

Billet d’humeur de Monsieur Brunet :

« Je reçois aujourd’hui ceux qui se battent pour la reconnaissance du vote blanc en France. J’étais de ceux qui pensaient qu’il fallait faire une émission là-dessus parce qu’il était injuste que le vote blanc ne soit pas reconnu. Une fois que j’ai dit ça, j’ai un peu regardé la situation, j’ai un peu observé les choses et … comment vous dire… Je sais que c’est pas quelque chose d’audible en général mais j’ai changé d’avis. Dans un pays où on a une offre aussi vaste que la France, toutes les tendances politiques sont représentées et il me semble un peu incongru que des gens disent : ‘ça n’m’va pas’. On a déjà un problème avec les abstentionnistes, si en plus on a ce vote blanc… Le vote blanc a un sens quand on est dans un pays un peu dictatorial, qui ne permet pas à toutes les tendances politiques de s’exprimer mais là ça me paraît totalement inutile les amis. »

http://www.dailymotion.com/video/xq6lzs_pour-eric-brunet-il-est-inutile-de-reconnaitre-le-vote-blanc_news            17 avril 2012

 

LE VOTE BLANC COUTE CHER

On connaissait Bruno Gaccio qui disait qu’il ne fallait pas prévoir de piles de bulletins blancs dans les bureaux de vote parce que ce serait un coût insupportable pour notre Etat endetté. Voici maintenant que les bulletins blancs et nuls prennent du temps au dépouillement, et le temps c’est de l’argent.

SUNDAY, MAY 06, 2012 | 10H25

Indiscret – le chiffre

4.173

C’est en minutes le temps consacrés aux bulletins blancs ou nuls lors du premier tour de la présidentielle sur l’ensemble des bureaux de vote du département ! 4.173 bulletins nuls ou blancs ont été comptabilisés le 22 avril dernier. Ils nécessitent beaucoup plus de travail au dépouillement qu’un bulletin portant le nom d’un candidat. Leur caractère particulier doit être constaté à chaque fois par quatre scrutateurs, lesquels inscrivent le motif de la nullité sur l’enveloppe, puis la signalent au président du bureau de vote pour qu’il puisse l’annexer au procès-verbal des opérations. En effet, il faut qu’en cas de contestation, cette voix puisse être examinée. Cette procédure particulière interrompt à chaque fois le rythme pris par les quatre scrutateurs bénévoles, qui traitent peu ou prou 20 bulletins à la minute. Un bulletin blanc (très rare en tant que tel… il faut être venu avec), une enveloppe vide ou avec les bulletins de plusieurs candidats, voire un ticket de parking ou même une photo de Johnny – (si, si ! ça s’est vu) – oblige d’y consacrer un temps important, de l’ordre d’une minute à chaque fois. Multiplié par le nombre – arrondi – de 4.000 bulletins, cela représente tout de même 66 h 40, soit 2 jours, 18 heures et 40 minutes… Ce temps, consacré dans chaque bureau de vote du département – aussi bien à La Madeleine-Villefrouin qu’à Blois – n’entraîne pas de retard insurmontable pour la délivrance des résultats en milieu de soirée, tous les bureaux de vote du département fermant en même temps à 18 heures. Cependant, compte tenu des consignes de vote données par certains candidats recalés au 1er tour, une multiplication du nombre de bulletins blancs ou nuls pourrait avoir une influence sur l’horaire final de communication des résultats.

Notre commentaire: La démocratie n’a pas de prix et tous ceux qui ont eu dépouillé savent que dans chaque bureau le vote blanc sera rarement pléthorique et ne prendra que quelques minutes à être enregistré. La seule solution est de le transformer en suffrage exprimé et ainsi on n’aura plus à mobiliser les quatre dépouilleurs. Et dans l’avenir, avec la généralisation des machines à voter, tout ceci – bulletins blancs officiels et petites mains pour ouvrir les enveloppes – ne sera plus d’actualité.

 

EN AVOIR OU PAS ?

«A chaque coup, la France “blanche” fait chou blanc, faute d’être reconnue comme l’expression d’une protestation .Qu’on le regrette ou non: ce non-choix, totalement dérisoire, fait penser au drapeau blanc de la capitulation en rase-campagne.» Christian Millau, celui du guide Gault et Millau, 6 mai 2012, Atlantico.fr

Le vote blanc n’est pas une capitulation. Quand Bruno Gaccio dit : « Je suis socialiste mais si le PS choisit Dominique Straus-Kahn comme candidat, je voterai blanc », ce n’est pas une capitulation mais une résistance face à une dérive libérale, selon lui, de son camp. Mais quelle gloire tire donc le spécialiste de la cuisine Millau du jusqu’au-boutisme ? En 1918, l’Allemagne a capitulé. Des gens comme Hitler ont répété par la suite que les civils avaient cédé alors que l’armée était prête à continuer. Aurait-il fallu poursuivre le massacre encore quelques années ?

Le vote blanc n’est pas une capitulation, c’est voter en conscience alors que voter en se pinçant le nez est de la bêtise. On retrouve avec notre spécialiste en cuisine l’idée machiste que le vote est un combat et que l’électeur doit avoir des couilles (Mesdames apprécieront). Nous préférons la subtilité à la testostérone.


 

François Bayrou incohérent

François Bayrou a annoncé qu’il voterait pour François Hollande le dimanche 6 mai, ajoutant : « Je ne peux pas voter blanc, ce serait de l’indécision. » Le choix en lui-même du candidat du Modem ne regarde pas l’Association pour la reconnaissance du vote blanc mais nous trouvons étrange qu’il juge utile de déprécier le sens d’un bulletin blanc lui qui se proposait de soumettre sa reconnaissance lors d’un référendum le 10 juin. Pourquoi sous-entend-il qu’un de ses électeurs du premier tour qui déciderait, lui, de voter blanc serait un hésitant, quelqu’un qui n’a pas de conviction ? Lui-même n’a-t-il pas, selon ses dires, voté blanc en 2007 ? Voter blanc pour un adhérent du Modem peut vouloir signifier qu’il ne retrouve pas dans le programme socialiste le combat contre la dette qu’il considère indispensable mais qu’il juge que la façon de gouverner du président sortant serait toujours incapable d’obtenir les réformes voulues.

François Bayrou entre donc dans la liste des candidats à l’obtention du prix ‘vote blanc’ de la Crétinerie d’or 2012. Mais nous sommes habitués à ces incartades de l’élu béarnais. N’avait-il pas associé le vote obligatoire au vote blanc en 2007 avant de faire machine arrière ? Nous sommes donc confiants et pensons que ce n’est qu’une parole malheureuse et que le parlementaire Bayrou sera plus cohérent avec ses engagements de campagne dans la prochaine législature.

« c’est un marronnier de première année de droit constitutionnel » Jean-François Copé, d’après Bruno Gaccio, septembre 2011.

« Il faudrait décompter les votes blancs » Jean-François Copé, TF1, 6 mai 2012.

Thomas Legrand, éditorialiste à France-Inter, le 4 avril 2012:

Ce matin, vous nous parlez du vote blanc. Certains voudraient que le vote blanc soit comptabilisé…

Oui, il y a plusieurs associations qui défendent le vote blanc, c’est-à-dire l’action de mettre une enveloppe avec un papier blanc dans l’urne. Elles veulent que cette action soit différenciée du vote nul, c’est-à-dire du fait de mettre dans l’urne une enveloppe vide ou alors avec plusieurs bulletins ou un bulletin crayonné. Le bulletin nul est le résultat d’une erreur ou d’une protestation brouillonne. Le bulletin blanc est un vrai vote exprimé, disent ses promoteurs. Ils souhaiteraient que les résultats des élections soient annoncés avec des pourcentages tenant compte des bulletins blancs. La revendication des « blancistes » a une audience qui reste marginale mais qui connaît un regain en ce moment. En 2007 Sarkozy et Royal faisaient campagne sur le retour du politique et la forte participation à ce scrutin prouvait que les Français croyaient qu’avec suffisamment de volonté et d’énergie, un nouveau président pourrait avoir un impact sur la réalité. « Ensemble tout devient possible » reflétait ce volontarisme qui balayait les années « d’aquoibonisme » politique de Jacques Chirac et de la fin de François Mitterrand. Mais l’énergie de Nicolas Sarkozy semble avoir surtout été l’énergie de l’annonce permanente et la crise (ses origines et ses solutions) a aussi montré que les manettes aux mains de nos gouvernants ne répondaient plus vraiment.

Et c’est de cette désillusion que se nourrit l’idée du vote blanc ?

Eh bien c’est une hypothèse que j’ai échafaudée parce que je suis payé pour échafauder des hypothèses… mais en fait je n’en sais rien. En réalité, le vote blanc est une protestation dérisoire qui délivre un message incompréhensible. Imaginez que l’on ait décidé de décompter le vote blanc. 2, 3 voir 4% des électeurs voteraient blanc… bon…que faudra-t-il en déduire ? Que parmi les dix candidats, aucun n’a trouvé grâce aux yeux de ces électeurs ! Et puis il suffirait que l’on reconnaisse le vote blanc pour que toute une série de personnes appelle à voter blanc en signe d’adhésion à une cause. C’est déjà le cas ! Ceux qui pensent qu’on nous ment sur tout, ceux qui trouvent que l’on paie trop d’impôts, des anti-IVG, des anarchistes, des royalistes, des indépendantistes ! Le message du vote blanc est en réalité parfaitement illisible ! Dans certains, cas très spécifiques, le vote blanc peut avoir une utilité démocratique. En cas du vote obligatoire, c’est une manifestation compréhensible de refus de vote. Dans de petites communes, un fort taux de vote blanc aux municipales signifie qu’il y a un problème avec l’intégrité du ou des candidats. On pourrait décider qu’un certain taux de vote blanc, s’il n’y a qu’un candidat, pourrait être révocatoire et servir à écarter un potentat local. On peut rétorquer à cet argument que la démocratie, ce n’est pas simplement battre un candidat mais surtout gagner l’adhésion. La reconnaissance du vote blanc serait une prime à une forme de civisme râleur. Alors il y a des candidats, comme François Bayrou qui se prononcent pour le décompte du vote blanc. Belle abnégation parce que, par définition, ceux qu’il aura contenté (s’il tient sa promesse) ne voteront plus jamais pour lui ! Mais bon, je m’aperçois surtout que quand on en arrive à faire toute une chronique sur le vote blanc à moins de trois semaines du premier tour… c’est que vraiment… la campagne est bien ch… rasoir !

Notre réponse:

Bravo M. Legrand !

Vous venez d’entrer dans la liste des candidats au Trophée Vote blanc de la ‘Crétinerie d’or’ pour votre phrase: «En réalité, le vote blanc est une protestation dérisoire qui délivre un message incompréhensible.»

Quand on n’a pas envie de travailler, le vote blanc est forcément ‘incompréhensible’. Il faudrait sortir des studios et autres plateaux télé pour le comprendre.
Votre chronique est une sorte de Poulailler’s song (Qui sont ces jeunes assis par terre… Le respect s’perd dans les usines de mon grand père…) Qui sont ces misérables électeurs qui votent blanc ? des râleurs invétérés, des paumés incapables de trouver leur bonheur dans une dizaine de candidats… Des ratés de la vie, en fait. Ah, un bon eugénisme électoral serait bien utile mon bon Monsieur.
Et ses hordes de gens votant blanc à l’appel de n’importe qui…
J’arrête ici puisque, selon vous, le vote blanc est un sujet si ch…


« Il est pour le moins paradoxal de demander à une institution qu’elle accepte ce qui menace de la remettre en cause. » Xavier Magnon, Fémina, 11 mars 2012.
 


 Xavier Magnon, à gauche


«Voter Hollande, c’est voter blanc. On ne sait pas ce qu’il veut» Nathalie Kosciusko-Morizet, Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, 18 décembre 2011.




 

«Il y a eu une trentaine de propositions de loi, dont quatre cette année. Mais elles portent toutes en germe leur échec. En réclamant que le vote blanc soit reconnu comme un suffrage exprimé, ces propositions font courir le risque de devoir organiser un nouveau scrutin en l’absence de majorité. Ces projets demandent aussi que le jour du vote, des bulletins blancs soient mis à disposition. Or, cela coûte cher » Bruno Gaccio, France-Soir, 16 septembre 2011

Le vote blanc ?
 

Il ne représente rien. Ou presque rien. Un très faible pourcentage au point qu’on peut le qualifier de fantomatique.

Qu’exprime-t-il ? Une humeur passagère, un réel dédain de la politique politicienne ou, plus sûrement, un certain ‘’je-m’en-foutisme’’.

Pierre Mertens est un écrivain belge francophone, docteur en droit, directeur du Centre de sociologie de la littérature à l’université libre de Bruxelles. Il est critique littéraire au journal Le Soir. Et membre de l’académie royale de Belgique ».