avril 23, 2024

Profession de foi du collectif 25-Avril

REINVENTER

NOTRE MODELE ELECTORAL

Tout est dans le regard que l’on porte sur le citoyen. Encore aujourd’hui, malgré un président de la république jeune, entreprenant, souhaitant dépoussiérer les rouages de notre société, le citoyen est idéalisé quand il est présenté de façon conceptuelle, mais il est dénigré dès qu’on le regarde en tant qu’individu. On sonde l’électeur pour connaître ses intentions de vote, définir les masses qui vont départager les futurs candidats, mais on le confine dans ces choix sommaires censés lui permettre de défendre des convictions.

Depuis le début du suffrage universel, le citoyen électeur tient le rôle de premier figurant. Son déplacement aux urnes certains dimanches peut déclencher des coups de théâtre mais, il ne faut pas se le cacher, les principales vedettes sont les candidats qui jouent pour la victoire et bien sûr, parmi ceux-là, le vainqueur.

Il semble indéniable de dire que depuis au moins trois décennies les citoyens ne souhaitent plus se limiter à ce rôle passif. Non pas qu’ils veuillent prendre toute la lumière, ils tendraient plutôt à vouloir être eux-mêmes quand ils déposent un bulletin dans l’urne, pouvoir exprimer leur singularité. C’était plutôt inconscient jusqu’à présent, non véritablement formulé, c’est devenu plus explicite au moment de l’épisode des « Gilets jaunes ». Quand les enjeux écologiques deviennent cruciaux et qu’il est urgent de modifier radicalement des pratiques, les citoyens ont leur part de réforme à entreprendre dans leur vie et on attend d’eux qu’ils soient responsables. S’ils franchissent ce pas comme on le souhaite, on ne peut pas continuer à ne leur proposer qu’un second rôle au moment des élections

Sortir du statu quo

Vouloir rester dans le statu quo comme c’est le cas avec la conclusion du Grand Débat n’est donc pas satisfaisant. Les idées fourmillent et il est regrettable de ne pas les soumettre à un vrai débat. Il peut se dérouler partout dans la société, il est déjà sur les réseaux sociaux, il faudrait qu’il prenne forme au sein de nos institutions. Non pas à la va-vite en séance publique via par exemple lors d’amendements, souvent mais sereinement, hors des discussions de propositions et projets de loi.

Intégrer les bulletins blancs aux suffrages exprimés a été cité par le chef de l’Etat mais n’a pas été réellement débattu avant d’être rejeté en avril 2019. Il est donc urgent de mener ce débat avec des élus et des représentants de la société civile.

Mais cette reconnaissance ne serait que la porte à ouvrir pour un changement plus approfondi et mieux adapté aux besoins des électeurs. Réfléchir à une nouvelle génération de bulletin, plus subtile qu’aujourd’hui, plus responsabilisante, est nécessaire. Le Jugement majoritaire élaboré par l’association Mieux voter serait applicable très vite.

Le vote blanc donnant lieu à un tirage au sort pour désigner des élus dans une assemblée en fonction de son score est une proposition plus nouvelle mais qui mérite déjà d’être creusée.

D’autres pistes pourraient être lancées mais rien ne sert de se disperser. Les thèmes ci-dessus ont le grand avantage de poser les bases d’un statut de l’électeur. Afin d’envisager, dans un quinquennat à venir, un Grenelle de la démocratie qu’appelle de ses vœux l’Observatoire citoyen du renouveau démocratique dirigé par le think tank Synopia.