avril 23, 2024

Régionales 2015

LES BULLETINS NULS SONT BIEN DES VOTES BLANCS


L’expérience porte certes sur un temps court mais il est bon de remarquer que sur les 4 consultations et donc 7 tours d’élection qui ont suivi la réforme de 2014 distinguant bulletins blancs et bulletins nuls, c’est la première fois en métropole que des départements se retrouvent avec plus de bulletins nuls que de bulletins blancs. Jusqu’à présent – municipales, européennes, départementales – ce n’était réservé qu’à des départements d’outre-mer. Il faut dire que le législateur, en décidant de faire passer les enveloppes vides de la catégorie ‘vote nul’ à la catégorie ‘vote blanc’ avait fortement poussé à ce que les bulletins blancs soient pratiquement toujours plus nombreux.


Régionales 2015 : les départements en blanc sont ceux où les bulletins blancs sont plus nombreux que les ‘nuls’

Au premier tour de ces régionales, déjà, un département de métropole avait montré la voie: la Corrèze. Mais cette fois-ci, on est passé à 37 départements. Les électeurs ont écrit sur leur bulletin, sans aucun doute. Ils le font à chaque tour, mais cette fois-ci c’est la surenchère. Ce ne sont pas des erreurs mais bien des actes délibérés. Ont-ils écrit des insultes, des propos posés ? Peu importe, comme le dit l’Association pour la reconnaissance du vote blanc depuis plus de 20 ans, pratiquement tous les bulletins nuls sont dans l’esprit des bulletins blancs.

Voilà pourquoi il faut absolument que des bulletins blancs officiels soient déposés dans les bureaux de vote et que le vote blanc soit intégré aux suffrages exprimés.
Quant à nous, nous continuons plus que jamais à analyser ces bulletins en gardant dans la même catégorie bulletins blancs et bulletins nuls (voir carte ci-dessous).

Régionales 2015 – 2nd tour
LES ELECTEURS SOCIALISTES FONT ENFLER
LES BLANCS ET NULS


Etrangement, on constatera que les départements où on a écrit ne sont pas ceux où le PS s’était retiré. On retrouve pour l’essentiel nos chers départements plutôt ruraux. Ce ne sont pas des électeurs du FN aigris qui ont ainsi écrit puisqu’ils avaient partout un candidat. Aux observateurs politiques qui se disent sérieux de creuser la question.

Le vote blanc quand son parti enregistre de mauvais résultats :
ETRE UN ELECTEUR SOCIALISTE LE 13 DECEMBRE 2015

 
Le bon électeur est-il celui éternellement obéissant aux décisions des états-majors ? Pour se faire entendre lors d’une élection, faut-il obligatoirement se placer sous la bannière d’un candidat ou d’une tête de liste ? Un militant socialiste peut être un bon militant par ses actions de tous les jours sans pour autant accepter de voter dimanche pour la liste de droite. Il peut ne pas être d’accord avec le choix du désistement fait par les plus hautes instances de son parti. C’est le fonctionnement le plus normal d’une démocratie, ne pas suivre une consigne de vote. Pourtant, la société le pousse à aller déposer un bulletin dans l’urne dimanche. En effet, les abstentionnistes sont régulièrement montrés du doigt.
En Nord-Pas-de-Calais-Picardie ou en Provence-Alpes-Côte d’Azur, que va pouvoir faire l’électeur socialiste qui refuse le ralliement à la droite ? On peut lui dire qu’il se trompe si on pense cela mais a-t-on le droit de le confiner au silence, à la censure ? Quand il a voté pour sa liste le 6 décembre, c’était un bon électeur ; aujourd’hui on ne lui reconnaît plus la moindre qualité. S’il vote blanc, sa voix ne sera pas reconnue, elle ne sera pas une opinion exprimée.
Il est grand temps d’arrêter d’écrire, de dire, que celui qui vote blanc est un indécis, un peureux, un mauvais électeur. L’exemple des électeurs socialistes dans deux régions en ce mois de décembre montre bien que les raisons de voter blanc sont tout autant honorables que celles de choisir une liste. Sauf que ce vote ne convient pas à ceux qui font la loi au parlement. Alors on biaise incessamment le débat sur le vote blanc.
Espérons que cette mésaventure que connaissent beaucoup d’électeurs socialistes permettra de faire comprendre aux grands éditorialistes, aux universitaires en science politique et, surtout, au personnel politique de premier plan que le vote blanc doit devenir un suffrage exprimé.