octobre 16, 2024

Islamisme contre vote blanc

L’ISLAMISME NE RECONNAIT QUE L’ABSTENTION

La mécréance de celui qui vote blanc

Par le Cheikh Mohammed Salami

On se souvient que l’Etat français, par l’intermédiaire du ministère de l’intérieur, dénigre le vote blanc comme l’expression d’un électorat démobilisé, dépassé par le débat, qui s’en lave les mains. Le Cheikh Mohammed Salami, qui a pour objectif l’interdiction pure et simple de l’acte électoral pour remettre l’évolution de la société à la volonté de Dieu, rejette catégoriquement le vote blanc et en reconnaît la portée politique. L’électeur musulman qui participe à la vie démocratique à travers le dépôt d’une enveloppe dans l’urne est un mauvais musulman. Il pense qu’il peut se passer de Dieu pour choisir la bonne voie. Celui qui voudrait faire croire qu’il simule l’adhésion au fait démocratique en votant blanc ne trompe pas la vigilance du Cheikh. Celui-ci sait que toute personne qui remet un bulletin exprime un avis, il ne peut pas être neutre. Contrairement aux technocrates qui disent que le vote blanc, dans un référendum, fait le jeu du ‘non’, il n’assimile pas le vote blanc au ‘non’ mais au ‘oui’.

Le vote blanc ne plaît pas aux islamistes, ce qui a le don de nous ravir. De là à dire que nos constitutionnalistes et autres responsables – politiques, journalistiques – qui eux aussi n’aiment pas le vote blanc sont à leur façon des ayatollahs est une marche que nous ne nous gênerions pas à gravir si on nous poussait un peu.

« Le but de cette rissala est de démontrer ce qu’implique le vote blanc comme mécréance majeure :

Le vote blanc consiste en ceci : Le votant entre dans le bureau de vote, et soit il remet une enveloppe vide, soit il utilise n’importe quel autre moyen dans le but de rendre son vote nul. Donc, sa voix n’est pas comptabilisée, ni pour un parti, ni pour un autre. Il ne dit ni « Oui » ni « Non ». Cependant, il est enregistré comme ayant voté.

Le jugement conforme à la Shari‘a n’est vraiment établi qu’après avoir pris connaissance concrète de la vérité, afin que nous ne jugions pas de façon déplacée. Une connaissance de la réalité du vote s’impose donc, de même qu’une compréhension véritable des lois des mécréants, sous la protection de la démocratie, afin que nous comprenions de manière juste ce qu’ils attendent de l’électeur.

Le vote n’est pas une simple affaire de question et de réponse, mais une affaire de recours à l’arbitrage et de la décision qui en découle. Le gouvernement a recours à l’arbitrage du peuple. Comme l’indique le mot « démocratie », la décision appartient au peuple, c’est l’expression de son autorité absolue, affranchie de la soumission à Allah -Soubhanahou wa Ta’ala.

C’est ce que dit la majorité des gens qui tient lieu de décision définitive. Le vote n’est pas une simple consultation, car l’opinion de celui qui est consulté n’est pas indispensable. C’est le jugement du peuple qui est, lui, décisif.

De plus, la consultation légitime n’entre pas dans le domaine de ce qu’Allah -Soubhanahou wa Ta’ala- a préalablement prescrit, et personne ne revient dessus.[1]

Par exemple, lors du référendum sur la Constitution – Observe avec moi le mot « référendum »- le peuple ne transmet pas le verdict de la consultation (fatwa) de la même manière que le juriste musulman (faqîh) transmet aux gens le jugement d’Allah. En effet, la source de la décision et du jugement du peuple n’est autre que le peuple lui-même.

Donc, dans ce référendum, la question suivante est posée : « Approuvez-vous cette Constitution ? » ; la réponse étant soit « Oui », soit « Non ». Celui qui répond « Oui », c’est qu’il persiste dans la mécréance. Quant à celui qui a répondu « Non », serait-il convenable de dire qu’il a refusé la mécréance ?

S’il s’agissait simplement d’une question, alors celui qui répondrait « Non » serait en situation de refus de la mécréance et d’abjuration du Taghout.

Mais ce n’est pas qu’une simple question. Celui que l’on consulte au sujet de la Constitution, il lui est dit : « Ton avis est décisif pour trancher entre nous, sans tenir compte du jugement d’Allah », ce qui revient à dire qu’on accepte cette autorité et que l’on s’en remette à lui et à son jugement.

Quant au Musulman, il est inacceptable pour lui d’être pris pour arbitre, sauf dans le cadre de la Loi d’Allah. Sinon, c’est qu’il a accepté de se soumettre au Taghout, en dehors d’Allah, qu’Il soit exalté.

De façon évidente, la personne qui autorise le vote par un bulletin nul, doit aussi autoriser le refus de la Constitution et le vote d’opposition par un bulletin portant « Non ».  Donc si elle nous disait : « Celui qui a voté « Non » est semblable à celui qui a voté blanc, car dans les deux cas, ils se distinguent de celui qui a voté « Oui » » ; nous répondrions à cela, en disant que si cette personne accepte que l’on s’en remette à son arbitrage à elle personnellement, au lieu de s’en remettre à la Loi d’Allah qui domine avant tout, et qu’on lui posait cette question : « Est-ce que vous adorez les idoles ou pas ? » ; alors, même si elle répondait « Non » à cette question, elle commettrait un acte de mécréance de la même manière. Et cela, serait différent s’il s’agissait d’une simple question, mais le principe de la démocratie n’est pas une affaire de simple question (c’est un recours à l’arbitrage).

Celui qui a voté « Oui » n’est pas un mécréant seulement parce qu’il a choisi la législation du Taghout. En tout premier lieu, il est mécréant car il accepte d’être lui-même un Taghout. C’est cette même raison qui est la cause de l’interdiction en islam de manifester un jugement avec la conviction qu’on est soi-même le juge.

Si on nous dit : « La voix d’un individu aux élections n’est pas un jugement décisif, car le jugement final est basé sur la voix de la majorité, et il n’en constitue qu’une partie » ; nous répondrions que le jugement de l’ensemble équivaut au jugement de la partie, s’il a la même signification et s’il tend vers la même chose. De la même façon que ce qui rend ivre en grande quantité est illicite en petite quantité, et cela même si l’on n’est pas ivre car on n’a consommé qu’une petite quantité ; et de même que les lois votées au parlement, les décisions des tribunaux du Taghout sont prises à la majorité des voix des jurés à la tête desquels siège le juge, et tous participent au jugement.

Imaginons un parlementaire qui, après avoir posé sa candidature, entre au Parlement, c’est de la mécréance de sa part, quand bien même serait-il interdit de scrutin, ou même si on ne lui à pas soumis de proposition de loi, ou quand bien même serait-il un Musulman que les mécréants ont désigné pour président, en sa qualité de législateur, de premier juge dans le pays, et de garant des principes de la nation. Il est mécréant avant même d’avoir entrepris de s’atteler à une seule des tâches qui lui incombent ; ou quand bien même les mécréants l’auraient-ils désigné comme gardien de leur idole, et n’aurait-il finalement pas accompli sa tâche. Voici pour qui prétend que la mécréance dans le vote réside seulement dans le contenu du bulletin de vote.

De la même manière, celui qui met dans l’urne un bulletin blanc, il contribue et participe au verdict, à cela près qu’il n’a pas émis de jugement, ni voté, mais il a accepté d’être enregistré lorsqu’il s’est présenté pour voter et à signé pour attester qu’il avait voté. Cependant, il a participé au processus démocratique et il a participé au verdict, sans émettre de jugement. Ceci est un cas similaire à un Musulman à qui l’on dit : « Juge entre nous par un jugement catégorique. Ce que tu auras jugé sera le juste choix, sans tenir compte de la Loi d’Allah. » Donc il est obligatoire qu’il refuse de trancher entre eux, à part dans le cadre de la Loi d’Allah. Mais s’il se présente pour juger entre eux, et finalement il n’émet aucun jugement sur eux, il devient mécréant car il a accepté qu’on le prenne pour juge, sans se référer à la Loi d’Allah Ta‘ala.

C’est comme si on lui disait : « Entre dans cette maison, et prosterne-toi devant l’idole » ; et qu’il y entre mais ne se prosterne pas et en sorte en attestant qu’il s’est bien prosterné, sans contrainte, ou qu’il atteste qu’il n’est pas Musulman, sans contrainte, juste pour faire un profit.

Et ceux qui autorisent le vote blanc pour tel ou tel bénéfice, comme utiliser le bulletin de vote pour satisfaire des besoins et des profits personnels, cela signifie l’autorisation de proclamer la mécréance pour faire un bénéfice, ce qui est de la mécréance. Celui qui l’autorise en cas de crainte, cela suppose qu’il soit fondamentalement convaincu que c’est de la mécréance dans les circonstances habituelles, hors des situations de contrainte, et qu’il est absolument obligatoire de ne pas le rendre licite. Sinon, l’excuse de la contrainte n’a pas de sens.

Et si celui qui se plie sous la nécessite ou est paralysé par la crainte, ne trouve pas secours dans la religion d’Allah, qu’en sera-t-il de ceux qui partagent avec les mécréants leur religion et leur mécréance, dans une intention de profit du monde d’ici-bas ? »